« Rootedness and wandering in the novel », conversation between Kim thuý, Doan Bui and Neha Jain

L’enracinerrance dans le roman, entretien entre Kim Thuý, Doan Bui et Neha Jain

Kim Thúy, 2010
Kim Thúy - Foto: Camille Gévaudan - CC BY-SA 3.0

The Centre for Canadian Studies of Stockholm University, in collaboration with the University of Dalarna, the Gaston-Miron library of the Sorbonne Nouvelle University, the International Association for Quebec Studies and the Alliance française of Falun had on April 11 an interview between Kim Thuý, Doan Bui and Neha Jain around migratory experiences and the relation between rootedness and wandering.

 

 

Français : Doan Bui recevant le prix Amerigo-Vespucci lors du Festival international de géographie 2
Doan Bui- Foto: Pymouss, CC BY-SA 4.0

Le Centre des Études Canadiennes de l’Université de Stockholm, en collaboration avec l’Université de Dalécarlie, la bibliothèque Gaston-Miron de l’Université Sorbonne Nouvelle, l’Association Internationale des Études Québécoises et l’Alliance française de Falun ont eu le plaisir d’avoir, le 11 avril dernier, un entretien entre Kim Thuý, Doan Bui et Neha Jain autour de l’idée d’enracinerrance, néologisme indiquant la manière dont on peut prendre racine au sein de ses expériences migratoires.

L’entretien a d’abord porté sur les noms et les prénoms. Kim Thuý et Doan Bui ont parlé de leurs noms et de la manière dont elles les ont adaptés pour décliner leur carte d’identité au Canada pour Kim Thuý et en France pour Doan Bui. L’écriture a été pour Kim Thuý une manière de retrouver un monde perdu après l’exil, une manière d’enregistrer les détails d’un périple difficile tandis que Doan Bui a choisi de consacrer sa vie au journalisme pour aller enquêter sur des terrains où de nombreuses personnes ont été déplacées. Pour Doan Bui, l’écriture agit comme une forme de compensation d’une expérience implicite que sa famille avait eue au préalable. Doan Bui est née en France et a évoqué l’idée selon laquelle la mémoire est enracinée, c’est-à-dire que la mémoire est déjà dans l’ADN, ce qui explique les raisons pour lesquelles nous portons en nous des exils passés. Neha Jain a ainsi confronté ces témoignages avec sa recherche sur l’écriture romanesque contemporaine au sujet de la migration. Kim Thuý et Doan Bui ont parlé de leurs rapports à la langue vietnamienne, langue qui est devenue étrange pour Kim Thuý tandis que Doan Bui a rappelé son expérience diglossique lorsqu’elle apprenait le vietnamien et qu’elle ressentait une certaine honte à ne pas maîtriser totalement sa langue maternelle. Dans Le Silence de mon père, Doan Bui écrivait au sujet de son père les lignes suivantes : « c’est en vietnamien que mon père retrouvait sa véritable voix. En vietnamien qu’il parlait de littérature ou de poésie avec ses amis. De ce continent-là, de cette voix intérieure, nous n’avons jamais rien su. Nous n’avons rien voulu savoir. Dès que mon père parlait sa langue, sa voix portait davantage. Dans la rue, les gens se retournaient parfois. Adolescente, j’avais honte » (Doan Bui, Le Silence de mon père, 2016, Paris, L’Iconoclaste, p. 24). L’entretien a porté sur la redécouverte de cette langue pour Kim Thuý et Doan Bui. Neha Jain a montré comment l’esthétique romanesque donne un support à la redécouverte d’une langue maternelle qui a subi le sceau de l’exil.